Décidément, les Français n’aiment pas les Américains : c’est l’un des constats étonnés que propose Laurel Zuckerman, preuves à l’appui, dans un récit qu’elle consacre au système de l’enseignement supérieur français. Alice, l’héroïne de son livre, est une Américaine d’une quarantaine d’années qui vit et travaille en France depuis 20 ans. Un licenciement la décide à se reconvertir en professeur d’anglais. C’est donc pleine d’entrain et d’assurance qu’elle part s’inscrire au concours de l’Agrégation, à la Sorbonne. La malheureuse apprendra à ses dépens qu’il vaut mieux maîtriser la dissertation de français et la leçon que la langue, pour devenir professeur d’anglais en France. Aberrations et petits scandales se succèdent dans un livre bourré d’humour qui n’épargne ni l’Education nationale, ni les entreprises de soutien scolaire : tout le monde repart avec un diplôme, sauf l’héroïne. L’auteur, quant à elle, a réussi son pari : passer au crible de l’expérience les incohérences et archaïsmes d’un système éducatif qu’on critique plus qu’on ne réforme. L’histoire, elle, reste sans morale.
« Sorbonne Confidential », de Laurel Zuckerman (Fayard, 333 pages, 20 €)
Karine Papillaud