Ancien journaliste du Time Magazine à Paris, Peter Gumbel vit en France depuis 2002 et a deux filles scolarisées en France. Depuis 2004, il enseigne à Sciences-po à Paris.(source: Le Progrès)
Vous êtes très sévère avec le système éducatif français. Que lui reprochez-vous ?
Le problème du système français est la sélection par l'échec. C'est cruel car cela laisse des traces. Mes amis français m'ont tous parlé des cicatrices qu'ils gardent de leur parcours scolaire. Aux États-Unis, les gens disent souvent que les années scolaires ont été les plus heureuses de leur vie. En France, jamais.
Pourquoi le système français pointe l'échec plutôt que la réussite ?
Peut-être parce que dans les pays catholiques, il y a toujours l'idée que l'on peut toujours mieux faire. Peut-être aussi parce qu'il y a une tradition d'excellence et que depuis la massification du secondaire, on n'a pas changé les méthodes. La troisième raison est qu'il n'y a pas de consensus politique sur l'éducation. On change de ministre tout le temps : 29 ministres en 52 ans.
« Le système de notation peut tuer », écrivez-vous. C'est dur…
Non : 12 sur 20 est illisible. Cela peut être une très bonne note, or ce n'est pas grand-chose. Les élèves sont toujours comparés à la moyenne et jamais à eux-mêmes. La moyenne sert à la sélection, mais pas à la formation. Aux bons élèves, on ne dit jamais que c'est bien. A ceux qui ne sont pas excellents, on ne donne jamais un coup de pouce pour les encourager. Pour le bas de l'échelle, c'est un cercle vicieux : ils commencent avec des mauvaises notes et perdent l'envie.
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